Kokopelli… semer la vie
Produire et diffuser des semences d’anciennes variétés florales et potagères, défendre l’humus: un acte de vie, un acte de résistance de l’association Kokopelli. A soutenir et encourager
La semence, les semences, voilà la vie. Et la vie c’est la diversité, la bio- diversité. Or celle ci est menacée. ( lien )
Il y a des gens qui pensent que:
- Que sauver des variétés de tomates, (il en existe des centaines, voire des milliers), de courges, de haricots, de salades, c’est important.
- Qu'elles participent à la richesse de la vie.
- Que le goût, la forme, la couleur, la texture, sont autant de spécificités appréciables.
- Que ces qualités vont à l’encontre de la monotonie, de l’absence de saveur, de la pâle reproduction du même.
- Que ces variétés sont reproductibles par des graines fertiles.
- Que ces « graines d’indépendance » devraient nourrir les peuples en difficulté.
Ces personnes « étranges », à priori inoffensives mais souvent traînées au tribunal, sont groupées au sein de l’association Kokopelli, basée au pied des Cévennes à Alès. ( site de l'association lien )
Ecouter le reportage de Martine Abat pour France Inter dans l’émission “l’humeur vagabonde” du 25 février 2008, cliquer directement sur ce lien
Kokopelli, fertiliser et ne pas prendre la vie au sérieux
Kokopelli, « est un personnage mythique souvent représenté comme un joueur de flûte bossu, issu des anciennes croyances amérindiennes du sud-ouest des Etats-Unis. »
Image de la mythologie des Indiens Anasazi, il était symbole de fertilité, de joie, de fête, de longue vie. C’est aussi un ménestrel, un esprit de la musique, un conteur, un voyageur de commerce, un faiseur de pluie, un guérisseur, un professeur, un magicien farceur, un séducteur, un fertilisateur. Ce voyageur joyeux a une leçon pour chacun. Sa plus grande leçon semble être de nous montrer que nous ne devrions pas prendre la vie trop au sérieux.
(pour plus d'info sur le mythe, voir lien )
Sauver les semences, sauver l’humus
Kokopelli, nous le savons, c’est aussi le nom de cette association qui veut sauver les semences et l’humus.
Sauver les semences, mais pourquoi donc ?
Ceux qui ont un certain âge se souviennent que dans les familles où l’on cultivait la terre on gardait les graines pour la semence. Cet acte de vie, reproduire à partir de sa culture, est quasiment impossible aujourd’hui. Les grainetiers sont passés par là.
Aujourd’hui 9 multinationales possèdent 95 % des semences. La génétique aidant, la graine hybride F1 est arrivée. Une graine qui ne se reproduit pas et qui donc vous fait passer au tiroir caisse chaque fois. L’acte est devenu tellement habituel que l’on ne l’interroge plus. La force de l’évidence.
Et pourtant le tout début de cette affaire ne date que de soixante dix ans, quand le maréchal Pétain a crée le Groupement National Interprofessionnel de la Semence. (GNIS lien )
Le GNIS gère les semences. Il le fait à travers un catalogue officiel des semences sur lequel sont inscrites celles qui ont le droit d’être vendues et cultivées. Sur ce catalogue on trouve des graines hybride F1, des semences brevetées, des OGM et seulement 5% environ de variétées reproductibles, « des variétés libres » pour reprendre les termes de kokopelli.
Les graines que produit et distribue Kokopelli ne sont pas inscrites à ce catalogue. Ce sont des semences d'anciennes variétés potagères et florales issues de l'agriculture biologique et biodynamique. Ce sont surtout des graines d’indépendance, des graines qui se reproduisent. On peut acheter en ligne plus de 2500 variétés ainsi que l' ouvrage "semences de Kokopelli" . Ce livre présente une collection planétaire de 2700 variétés. C'est aussi un manuel de production de semences pour le jardin familial , un recueil d'articles sur le processus d'érosion génétique de chaque espèce alimentaire et des informations récentes sur la présence de plantes transgéniques alimentaires dans le monde.
La France, premier producteur mondial de semences potagères
La réduction de la diversité dans le règne végétal s’est accompagnée d’une privatisation des semences. Et dans ce domaine la France est championne du monde. Elle est le premier producteur mondial de semences potagères. Mais elle n’a pas plus de 500 variétés reproductibles, alors que les USA et le Canada en ont 5000.
Ce qui devait arriver arriva, les grainetiers et l’Etat Français ont mis l’association Kokopelli au tribunal et celle-ci a perdu. (retour sur un procès perdu lien )
Mais l’association n ‘est pas seule. Ses soutiens vont de ses 6000 adhérents à des personnalités comme l’ancien directeur de recherche à l’INRA, Jean Pierre Berlan, au cancérologue Dominique Belpomme, au prince Albert de Broglie ou encore le chef Alain Passard.
Sauver l’humus a t-on dit. Bien sûr parce que des graines sans terre, jusqu’à présent ça n’a rien donné.
Dans le moyen pays niçois on s’en fout,
on veut stériliser la terre, là ou il y des terres et de l’eau,
on veut faire pousser du béton.
on veut stériliser la terre, là ou il y des terres et de l’eau,
on veut faire pousser du béton.
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Pour d’autres informations
- Excellent papier de télérama qui pose bien la problématique de résistance à la privatisation des semences ( lien)
- Sur l’accaparement des terres ( link )
- Et les investissements étrangers sur les terres agricoles en Afrique ( lien)
- Sur la légitimité et légalité des semences paysannes
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- Et puis encore un peu sur l'association Kokopelli: écouter l'émission "Terre à terre" diffusée le 22 mars 2008 sur France Culture (un interview de Raoul Jacquin très complet)