Quand la "volonté écologique" se manifeste…

Publié le par les perdigones


Le  magazine "La Vie "  a mesuré la « volonté écologique » des départements.
Les Alpes Maritimes et le Sud en général sont les mieux placés.
Qu’est ce que cela signifie ?

     Mesurer « l’indice de la volonté écologique » des départements métropolitains, c’est à cet exercice périlleux que s’est adonné l’hebdomadaire chrétien « La vie ». lien

     A l’époque où elle est parue (octobre 2008), cette « enquête » a été très contestée, les plus critiques étant les lecteurs même du journal. lien
                                                                                                                                      

     Au  palmarès, en grand vainqueur, les Alpes de Haute Provence, suivies des Alpes Maritimes, de l’Ariège, de l’Hèrault.
     L’Aude, le Var, le Gard figurent dans ce fameux peloton de tête où il ferait bon respirer.
     Bref le Sud: champion de l’écologie.

     C’est tout naturellement- neuf mois après la parution de ce hit parade - que le quotidien Nice- Matin consacre deux pages à cette « enquête ». Non sans une certaine distance puisqu’une page entière est consacrée à sept points noirs du département. (Nice matin du 8 juillet 2009 lien )


Les  critères du palmarès: insuffisants et contestables

       Pour savoir de quoi l’on parle, il faut regarder cette étude de près et commencer par connaître les critères qui ont permis de juger les départements.
       Six critères ont été retenus:

       1° - Le poids de l'agriculture biologique, en pourcentage de la surface agricole utile (source: Agence Bio, 2007).

       2° - Le taux de « valorisation » des déchets ménagers.
      Selon un tic de langage (cf Georges Orwell) très répandu aujourd’hui on fait dire à des mots le contraire de ce qu’ils signifient. Ainsi, dans la valorisation, le tri sélectif est au même niveau que le traitement biologique ce qui peut s’entendre, mais a autant de valeur écologique que l’ incinération avec récupération d'énergie (source : Ademe, 2006).
      Ce dernier point tombe à pic pour les Alpes Maritimes qui ne sachant pas quoi faire de leur déchets les évacuent chez leur voisins et relancent l’incinération. L’incinération qui comme chacun sait est tellement bonne pour la santé des populations qu’on se demande bien pourquoi la tendance de ces dernières années est de la réduire le plus possible. Phénomène très avancé chez nos voisins européens un peu moins en France.
   
      3° - L'effort de protection de la faune et de la flore, évalué par la proportion de superficie occupée par les sites Natura 2000 (sources : Ifen et Muséum national d'histoire naturelle, 2007).

      4° - Le degré de pollution aux nitrates, mesuré par la part de superficie occupée par les communes classées en « zones vulnérables » (source: ministère de l'Agriculture, 2003).
      Il n’y a pas d’agriculture intensive dans les Alpes Maritimes et si ça continue il n’y aura plus d’agriculture du tout. Sur le béton pas besoin de nitrates...
 
      5° - L’effort écologique des villes et groupements de communes, mesuré par la part de leur budget affecté à la protection de l’environnement dans chaque département (source : ministère de l'Economie et des Finances, données 2002).
    
      6° - Le niveau de préoccupation écologique, évalué par le pourcentage de citoyens citant l'environnement comme leur principal souci (source : Ifop, enquête auprès de plus de 21 000 Français, 2006-2007).

      Les lecteurs attentifs auront remarqué qu’on mixe un peu de tout dans ces critères.
      Ainsi le niveau de préoccupation des citoyens est la manifestation d’une attitude personnelle qui n’a pas grand chose à voir avec les comportements des acteurs, élus ou décideurs.
      Ainsi l’effort des communes et groupements de communes mesuré par la part de leur budget consacré à « la protection de l’environnement » correspond bien à ce qui dépend de leurs compétences...
   ... mais que l’addition de ces gestes donne un chiffre départemental est un exercice particulier, car en matière de compétences, les départements ne sont pas ceux qui interviennent le plus à propos des questions d’environnement. lien

      Pour un département, ce qui relève de l’environnement est mince. C’est l’aménagement, l’entretien et l’exploitation des cours d’eau, lacs et plans d’eau domaniaux, ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de protection, de gestion et d’ouverture au public des espaces naturels sensibles, boisés ou non.
      C’est aussi l’organisation des transports (non urbains), ce qui a en effet un impact sur l’environnement.

      Donc le département est un niveau d’analyse très aléatoire: il est censé retirer les fruits ou les dégâts de situations sur lesquelles il n’a que peu d’impact.
      En ce domaine, les Communes, Regroupements de Communes ou la Région sont plus compétents.

Les critères non retenus pourtant décisifs quant à l’impact écologique

      Analyser cette « enquête », c’est relever ce qui n’a pas été retenu comme critères.

      Il y a ce que signale lui même le magazine « La Vie ». C’est aussi bien le « poids des énergies renouvelables
»,  que la « qualité de l'air, les émissions de gaz à effet de serre, la densité d'installations classées dangereuses ou radioactives… ». Rien que ça !

      Dans le Sud en général, dans les Alpes Maritimes en particulier,la qualité de l’air est fort dégradée l’été par la combinaison des gaz automobiles, des transports aériens dus à  l’aéroport de Nice Cotes d’Azur et des fortes chaleurs.

      On aurait pu parler aussi de...
     
- ce que les français considèrent comme la pollution numéro 1 à savoir: le bruit ( lien )
et pour connaître tout ce que votre maire doit faire pour combattre ce fléau ( lien )

    
      Et...
      - Imaginez que l’on parle du rejet dans la mer des eaux usées et cela sans traitement: les Alpes Maritimes ne serviraient pas d’exemple. Saint Jean Cap Ferrat, Villefranche sur mer , Beaulieu, Eze , Roquebrune ... et ce ne sont pas les seules, continuent à vider leurs eaux usées dans la Belle Bleue.
     - Imaginez que l’on parle du bétonnage des côtes, ce ne serait pas très exemplaire pour le respect de l’environnement.
     - Imaginez que l’on se soucie de l’impact du bétonnage du moyen pays avec des terres fertiles et bien arrosées (comme à l’Orte à Levens ) qui sont destinées au béton...
     - Imaginez que l'on parle du " logement des actifs", toujours plus éloignés des activités.

    ... ce serait difficile de prendre exemple sur les Alpes Maritimes dans la lutte pour un environnement de qualité.


Volonté Écologique, Chiche !

      Éric Ciotti, le président du conseil général des Alpes Maritimes annonce de « grandes ambitions vertes » pour le département. Et dit enclencher « la dynamique verte ».( lien )

      Interrogé dans Nice Matin il parle « d’erreur majeure
» à propos du bétonnage du  littoral: « Sur le littoral, il faut reconstruire la ville sur la ville. Dans le moyen pays, éviter l’urbanisation outrancière, le mitage du territoire… »

      Ces déclarations sont louables. Mais comment se traduiront elles à l’épreuve des faits ?

      Ce département n’est pas choisi par hasard par les touristes et les populations qui peuvent se l’offrir. Ses paysages sont magnifiques, la mer et la haute montagne ne sont pas très éloignées. Le soleil les baigne souvent.
      Et les habitants sont en effet très sensibles aux questions environnementales. De très nombreuses associations de défense de l’environnement y sont actives et obtiennent des résultats.
      Ainsi des manquements au respect des règles de construction sur le littoral par des très riches propriétaires ont-ils été attaqués, ainsi le sentier du littoral a t-il pu voir le jour, ainsi  les "balcons du mercantour" : vaste projet d’aménagement de sentiers et de structures d’hébergement en plein cœur du Mercantour ont ils été stoppés.( lien )


      Il y aurait beaucoup à dire sur ces deux termes "volonté écologique", voire sur ce pseudo-concept, qui peut servir à révéler comme à masquer.
      Disons qu’on y voit une préoccupation, une intention, une direction.

      La "volonté écologique" a de quoi se manifester: que les élus écoutent et entendent les associations !
     

     Elles sont au plus près du terrain, connaissent les spécificités des lieux et n’auraient jamais l’idée de mettre des immeubles dans des zones où l’on pourrait cultiver et où l'on doit se protéger des eaux.



Publié dans société

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G
on pourrait parler aussi de consomation d'énergie par habitant et d'équilibre entre production et consomation énergetique.  Pas sùr que le 06 soit un modèle en la matiere... on a guére d'industrie de production ou d'agriculture, mais on  consomme un petit peu !
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K
Bizarrement ce sont les mêmes élus qui se gargarisent d'écologie et qui dans le même temps utilisent à outrance l'hélicoptère, les 4x4, qui font construire à tort et à travers sur des sites jusque là préserver... il n'y a pas de doute "l'écologie" est un argument massif pour ce faire élire.
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