IMMEUBLES ... PLUS FORTS QUE LES INONDATIONS
Beaucoup trop d’eau sur ces terrains (l’Orte) où des immeubles sont prévus à Levens (06).
Les éléments que nous apportons devraient inciter les responsables à plus de discernement dans le choix des lieux pour ce type de projets .
1000 l /m2 : c’est la quantité d’eau qui tombe annuellement en moyenne sur les Alpes Maritimes (lien) , à titre de comparaison, il ne tombe que 600 l/m2 de pluie à Paris.
Ces chiffres sont encore plus élevés à Levens.
Ainsi dans le rapport de présentation du Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRI), il est signalé que « la hauteur de pluie moyenne annuelle est de 1300 l/m2 ». C’est évidemment beaucoup, mais ce qui compte autant que la hauteur d’eau, c’est la période, la durée pendant laquelle elle tombe.
1/3 des pluies de l’année pendant le mois de Novembre
Et là autre particularisme aggravant, les phénomènes pluvieux ont lieu sur de brèves périodes.
Quelques relevés effectués par nos soins : Le vendredi 2 décembre 2005 entre 15 h et 3 heures du matin il est tombé 120 mm d’eau. 120 litres par m2 en 12 heures. Entre le 8 et le 9 septembre de la même année , 92 mm en quelques heures.
On trouve de précieux renseignements dans le rapport de présentation du Plan d’Occupation des Sols de 1990. On y lit « les journée pluvieuses ne sont guère nombreuses, 80 jours par an (170 jours à Paris). Les averses ne sont que plus durables et plus violentes… C’est la fin de l’automne qui connaît les plus importantes précipitations puisqu’un tiers des pluies de l’année se déverse pendant le seul mois de Novembre. »
Conclusion toute provisoire : dans cette commune des Alpes Maritimes, il pleut deux fois plus qu’à Paris en deux fois moins de temps.
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Mais un autre phénomène est encore aggravant, c’est le relief. Certaines parties de la commune reçoivent les eaux d’un bassin versant dont le point le plus élevé, tout proche, est à 1412 mètres.
De 600 m (altitude moyenne) à 1400 m, cela fait de la pente. Jusqu’à quelques années en arrière, les eaux s’infiltraient. Aujourd’hui, elles dévalent plus vite, car les sols sont de plus en plus bétonnés.
Tous ceux qui habitent en bord de ruisseau ont fait le même constat, l’eau monte plus vite qu’avant. D’où les nombreux arrêtés de catastrophe naturelles (voir notre article "forte augmentation des arrêtés de catastrophe naturelle")
Un Plan de Prévention des Risques Inondations à la traîne
On ne glosera pas sur le temps qu’à pris la réalisation du PPRI. Prescrit, c’est à dire lancé à l’étude par le préfet, le 21 mars 2005, le rapport de présentation en est livré dés Mai 2005.
Une performance technique et intellectuelle, qui cependant exclu toute enquête approfondie auprès de la population. Même, lorsqu’une partie de celle-ci, vivant à proximité de phénomènes particulièrement édifiants, signale qu’elle est en possession de nombreux documents dont certains montrant les lieux par temps de fortes pluies.
C’est ce qui s’est passé à l’Orte, où il ne nous aura pas été permis d'être entendus, ni de fournir les preuves de ce que nous avançions alors : qu’ici les eaux sont menaçantes.
De la "rapidité" dans un premier temps et puis plus rien. Ce plan n’est mis à l’enquête publique qu’en février 2009. (2 février au 6 mars). On pourrait penser que ces quatre ans ont été mis à profit pour approfondir les situations, rencontrer les populations. c'est le discours tenu par le maire. Il n’en n’est rien. La preuve en est tout simplement la comparaison des documents: les modifications entre le rapport de présentation élaboré en 2005 et le document soumis à l’enquête publique en 2009 sont minimes.
Les erreurs du Plan de Prévention des Risques Inondations
Quatre ans pour rien !
Pire, des erreurs concernant le secteur de l’Orte sont manifestes ! Et cela change évidemment l'évaluation du caractère des lieux, conduisant le PPRI à y minimiser les risques.
Ce secteur est celui où l’on veut aujourd’hui modifier le Plan d’Occupation des Sols afin de changer de nature la zone et y construire plus et plus haut, bref, y faire des immeubles.
Les erreurs de l'Orte ne sont pas anodines
- Plusieurs sources ont été oubliées, dont deux situées juste à l’aplomb du projet d’immeubles (dont une qui coule en permanence, même en période de sécheresse), et pourtant elles sont signalées, sur les cartes IGN comme sur les plans cadastraux, même sur le plus vieux d’entre eux (voir le cadastre napoléonien)
- Un ruisseau intermittent qui dévale sur la route dés que les précipitations sont soutenues et s’en va grossir le ruisseau de Fuondemel qui arrose le hameau de Ste Claire (ce ruisseau aussi est porté sur les cartes IGN, et il est étrangement situé – pardon effacé – juste en face du lieu où les immeubles sont prévus). (voir nos corrections sur la carte des aléas)
- Tout un secteur, situé tout juste quelques dizaines de mètres avant celui où sont prévus les immeubles, pourtant largement inondé à chaque pluie par des résurgences issues de la colline est nettement sous-évalué. Alors que l'ensemble de ces terrains ruissellent d'eau lors de fortes pluies, seule une infime partie est considérée comme "à risque"
- Le secteur où sont prévus les immeubles voir photo aérienne , pourtant doublement inondable est nettement méconnu par les études élaborant le PPRI puisque classé en zone bleue ciel c’est à dire, comme le dit l'adjoint à l'urbanisme dans sa réponse au commissaire en enquêteur, comme la plupart des terrains de Levens (voir). Pourtant ce secteur est inondable par le bas (la partie basse des terrains est située en contrebas de la ligne de crue du ruisseau fuondemel) et inondable par le haut, recevant à la fois les sources permanentes oubliées et les résurgences intermittentes ( voir l'Orte, photos de terres fertiles et inondables... ).
Et plus bas: anticipation de l'accroissement du risque
A contrario par contre, plus bas, à l’aval, en direction du hameau de Ste Claire – donc, après le secteur où les immeubles sont prévus – le PPRI anticipe cette fois l'accroissement du risque inondation apporté par les constructions envisagées en surclassant certains terrains comme zones inondables (bleu foncé ou rouge).
Ce que disent le commissaire enquêteur et la DDEA
Cartes, plans, photos à l’appuis, ces remarques développées en détail ont été portées à la connaissance de l’enquête publique.
Dans ses conclusions motivées, le commissaire enquêteur écrit ; « la DDEA, après avoir pris connaissance du contenu des registres d’enquête, a fait savoir qu’elle était favorable comme RTM à un examen technique de certaines remarques avec les vérifications utiles à l’amélioration du projet. Le dossier pourra être modifié selon les observations vérifiées avant l’approbation du PPRI. »
L’avis favorable de Mr Roberto, commissaire enquêteur au « projet global du PPRI » est assorti de la recommandation suivante :
« Procéder à la vérification objective des observations émises pour asseoir les conclusions techniques et juridiques fondées, en vue de modifier utilement le dossier actuel avant l’approbation définitive du PPRI … ».
Pour la Direction Départementale de l’Equipement et de l’Agriculture (DDEA), Mr Le Roux écrit « Mme M... (association les Perdigones) a rédigé un dossier fourni sur plusieurs aspects du PPR, essentiellement technique – modifications cartes hydrogéomorphologiques, impact d’une source au lieu dit « l’orte » non prise en compte au PPR, risques sous ou sur évalués, passage de la rivière sous pont bouché, etc… Tous ces points doivent être réétudiées par le bureau d’étude RTM. On ne pourra fournir de réponses sans éléments techniques »
Il est urgent d’attendre
De par notre connaissance des lieux, de par les incidences des omissions, de part les preuves photographiques que nous apportons, il y a lieu de revoir la classification de la zone prévue depuis peu pour des immeubles. Aujourd’hui elle est classée en "zone production et aggravation de l’aléa inondation" (bleu clair), les prescriptions y sont minimes. Classée en bleu foncé ou en rouge, les prescriptions à y observer seraient autrement plus sérieuses et feraient peut-être réfléchir à deux fois les promoteurs.
Sans attendre ces fameux points à ré-étudier selon les demandes du commissaire enquêteur et des services de l’État, en plein mois d’août, le Maire de Levens et la communauté urbaine engagent dés ce lundi 10 aôut une révision simplifié du Plan d’Occupation des Sols. Évidemment pour construire plus haut, plus dense et avec le moins de contraintes possibles. L’opportunité est royale. La crise, le plan de relance en direction des entreprises, les aides, le logement social, tout ça se cumule.
Mais les eaux aussi se cumuleront.
Les responsables politiques sollicités
Les responsables politiques ont été prévenus. Photos à l’appui nous avons expliqué la situation au Président du Conseil Général, Éric Ciotti (voir notre lettre) qui à ce jour n’a pas daigné répondre.
Le Président de la Région, Michel Vauzelle a été alerté en tant que président de L’EPFR PACA, l’Etablissement Public Foncier Régional, intermédiaire entre la mairie qui a préempté les terrains et la communauté urbaine qui chapeaute le projet. Il est évident qu’il ne peut connaître la situation de chaque lieu et il nous est apparu logique de lui dire ce qu’il en était.
Patrick Allemand, 1er vice Président de la Région, lui aussi informé, nous a fait solliciter par ses collaborateurs afin de lui fournir plus d’informations et de documents sur les risques que nous dénonçons.
Christian Estrosi, Ministre de l’Industrie, président de la Communauté Urbaine, Maire de Nice a eu la courtoisie de nous répondre malgré les nombreuses charges qui l’assaillent. A t’il eu le temps de voir lui même le dossier ou bien, comme il serait normal, l’a t’il laissé traiter par ses collaborateurs ? Toujours est-il qu’il ne répond pas du tout à ce pourquoi nous l’avons sollicité à savoir les risques inondations et la demande à surseoir à ces projets. (lire lettre et réponse )
On se doute qu’un de ces jours on va nous faire savoir qu’évidemment on respectera les prescriptions du PPRI. Mais lesquelles ? Celles qui sont issues d’un grand nombre « d’erreurs » sur l’Orte ?