Levens, l'arnaque au logement social
A Levens, le programme d’immeubles sur l’Orte, comme celui du Rivet n’a rien de social et ne répond en rien à la grave crise du logement social. Ils ne s’adressent pas à tous ceux, très nombreux, qui en ont le plus besoin. C’est un bon prétexte pour construire, encore et toujours plus…et pire, là où il y a des problèmes d’inondations.
Il faudrait être particulièrement aveugle ou peu responsable pour ne pas s’apercevoir qu’il y a en France un grave problème de logements.
Cela va de la difficulté de se loger, à l’absence de logements en passant par des logements insalubres, à la difficulté de payer un logement etc.
Quelques chiffres de la « Fondation abbé Pierre pour le Logement » indiquent la dimension de la crise.
En France ; « 3,5 millions de personnes connaissent une problématique forte de mal logements. Parmi celles ci 1 million de personnes sont privées de logements personnels,
Cent mille personnes sont sans domicile fixe »
Auxquelles il faut rajouter « 6 617 000 personnes en réelle fragilité à court ou à moyen terme ».
Soit dix millions de personnes qui connaissent de vraies difficultés liées au logement (lien).
On recommande la lecture du rapport 2009 de la fondation abbé Pierre pour le logement (lien). (La version papier intégrale de ce rapport peut être aussi commandée gratuitement par Internet.)
NICE LE PLUS MAUVAIS ELEVE DE FRANCE
La loi SRU (lien) et particulièrement son article 55 (lien) devaient permettre de rattraper le retard pris en matière de construction (lien bilan 2007). Elles devaient surtout rééquilibrer la disparité entre communes dites « bourgeoises » et « communes dites « populaires ». Si le logement est une cause nationale, il n’y a pas de raison dans l’esprit du législateur que tout le monde n’ait pas démarche identique. Le premier terme de la loi est solidarité.
Et aujourd’hui encore, soit dix ans après la promulgation de la loi, les réponses de chaque commune, département, sont inégales. Parmi les villes de plus de 150 000 habitants, Nice est le plus mauvais élève. (lien).
L’an dernier le congrès HLM s’est déroulée à Cannes en présence de la ministre du logement, Christine Boutin.
« La tenue de cet événement dans l'un des départements les moins respectueux de la loi SRU –ou seules trois communes affichent plus de 20% de logements sociaux- ne manque pas d'une certaine ironie. » lit-on dans un article de Rue 89 qui explique comment Nice échappe aux sanctions de ceux qui ne respectent pas la loi SRU de 20 % de logements sociaux. (lien)
L’on est en droit de s’interroger sur la définition du logement social, car celle ci se modifie assez souvent. Ce n’est pas seulement une définition technique, c’est une définition politique. En effet, les logements construits sont de moins en moins sociaux et s’adressent de moins en moins à ceux qui en ont le plus besoin.
De nombreux auteurs s’accordent sur la définition suivante:
« Un logement social est un logement destiné, suite à une initiative publique ou privée, à des personnes à revenus modestes qui auraient des difficultés à se loger sur le marché libre. L'expression sert aussi à désigner le secteur économique constitué par ce marché immobilier et les politiques d'économie sociale qui président à son administration. ». Définition qui insiste bien sur les revenus modestes, qui ne sont pourtant pas les mieux servis dans la plupart des opérations nouvelles.
Il existe trois catégories de logement social qui sont fonction du revenu de la personne ou des familles.
Ainsi pour prétendre:
- à un PLAI (logement aidé d’intégration)(le seul vrai logement social) le revenu net maximum est pour une personne seule 1042 euros / pour un couple 1519 euros / pour une famille de 4 personnes 2032 Euros
- Pour un PLUS (Logement à Usage social)(un logement intermédiaire, de plus en plus dédié aux catégories moyennes) 1896 euros / 2531 euros / 3675 euros
- Pour un PLS (logement social)(qui n’en porte que le nom) 2464 euros /3291 euros /4778 euros.
DES LOGEMENTS SOCIAUX POUR QUI ?
Lors de la présentation au public le 5 novembre 2008 du programme local de l'habitat de la communauté d'agglomération, devenue depuis, communauté urbaine, en présence de Dominique Estrosi Sassonne, adjointe au Maire de Nice, déléguée au logement, à la cohésion sociale et à la politique de la ville, présidente de Côte d'azur Habitat, il a bien été précisé que « les PLAI ne concernent pas Levens ».
Les choses peuvent changer, mais les opérations Levensoises vont essentiellement concerner des logements type PLUS. (Les PLS ne bénéficiant pas de subvention de l’État sont moins intéressants, il y en aura peu).
Ce qui confirme bien que ceux qui ont des salaires pas très élevés (ne parlons même pas des bas salaires), par exemple gendarmes, postiers, employés de mairies, enseignants en début de carrière, seront mis en concurrence avec des professions aux revenus plus élevés.
Les associations de Nice qui se mobilisent pour le logement social font remarquer:
« En plus du manque de logement, il existe un problème au niveau des critères d’attribution des logements sociaux (discriminations, non respect de la mixité sociale). » Elles dénoncent à Nice « " Une gestion des logements sociaux très opaque. Il n’y a aucun contrôle sur l’attribution des logements…» !
Alors que la crise du logement s’accentue, les tentatives de détourner les efforts de ceux qui en ont le plus besoin sont patentes. Ainsi, les tentatives de vider l’article 55 de la loi SRU de son sens en comptabilisant l’accession à la propriété dans le logement social. Ainsi, la réalisation essentiellement de PLS qui ne répondent en rien à la crise du logement. « Près de 40% de PLS en 2008 malgré leur inadaptation à la demande sociale », selon la fondation Abbé Pierre.
Cette inadaptation entre les besoins et les réalisations vont d’après la fondation, « alimenter la crise et non pas la résoudre ».
ALORS LOGEMENT SOCIAL A LEVENS ?
À CHACUN DE JUGER ...
Dans ces conditions de mauvais élève (Nice) et de pressions de toutes parts pour faire du logement social, on ne va pas se poser des questions sur la qualité des terrains proposés par le maire de Levens. Pas plus que l’adaptation réelle de ces logements là à la demande et aux besoins les plus pressants.
Alors pas question de faire les difficiles, et l’opération est même décrite comme « pilote » par la communauté urbaine qui ne connait rien des lieux.
La preuve, elle les situe en centre ville. Bon prétexte pour construire, comme en ville, des immeubles. Bon prétexte pour les regrouper, sur deux zones, le Rivet et l’Orte (5 hectares). Bon prétexte pour créer des îlots-quartiers, tout le contraire de ce qui est préconisé aujourd'hui par les urbanistes. Bon prétexte encore pour accélérer les processus sans tenir compte ni du PLU en cours d’élaboration, ni du PPRInondation et des préconisations du commissaire enquêteur. (voir notre article: IMMEUBLES ... PLUS FORTS QUE LES INONDATIONS )
L’Orte est souvent pris par les eaux par fortes pluies. Mais ça, le maire de Levens devant « ses amis » n’en parlera pas non plus, préférant vanter les opérations financières que feront ceux qui y achèteront des appartements (en accession sociale…bien sûr), et le gain qu’ils feront en les revendant 9 ans après. (Le gain… c’est ce qu’il dit, mais ce n’est pas sûr du tout - (voir lien)
En tous cas, voilà le social tel qu’il est compris ici.