L’Orte, un nouveau quartier pour la communauté urbaine de nice NCA
À l’ordre du jour du prochain conseil communautaire de Nice Côte d’Azur (il se tiendra finalement le 4 décembre 2009 après deux reports) deux délibérations concernent Levens. (voir délib 9-4) (voir délib 9-5). Elles ont trait au secteur de l’Orte qui doit être densifié afin d’y construire des logements dits « sociaux ». Des délibérations où il n’est absolument tenu compte de rien.
TROUÉE VERTE POUR NICE TROUÉE GRISE POUR LEVENS
Levens à 20 km de Nice fait partie de la Communauté Urbaine Nice Côte d’Azur qu’elle a intégré juste après les dernières élections municipales en 2008. Une pratique qui a un précédent puisque Levens avait intégré la Communauté d’Agglomération Nice Côte d’Azur le lendemain des élections de 2001. Évidemment ces décisions n’étaient pas annoncées avant les consultations électorales .
Tout le monde sait que dans le cadre des communautés urbaines, les communes perdent la maîtrise des sols (POS) . Devant le mécontentement d’une partie des élus (pas de Levens) et des électeurs (de Levens), Christian Estrosi, Maire de Nice, président de la communauté urbaine a expliqué qu’il y aurait une charte (elle n'a de toute facon pas force légale (lien), et que les décisions se prendraient avec l’accord du maire des communes concernées. Et celui des populations ?
Et bien à Levens ça tombe bien, le maire est d’accord pour transformer définitivement sa commune en un quartier dortoir de Nice, et très urbanisé, et Nice veut construire des immeubles sur le territoire de la communauté urbaine.
Nice est d’autant plus d’accord que Christian Estrosi qui s’était vu un temps ministre de l’écologie (Et oui tout est possible) veut transformer son image et celle de Nice. Il veut faire de Nice la « Ville Verte de la Méditerranée ». Première étape : la création, à Nice, d’une trouée verte de 12 hectares. Mais dans le même temps, un autre choix est fait: les communes vertes comme Levens vont devenir beaucoup plus grises. (lire "Levens, ville ou village ? couronne !").
Ainsi pour commencer à l’Orte 2,65 hectares de terres cultivables vont devenir une zone entièrement dédiée à des immeubles. C’est ce que dit la notice de présentation jointe aux délibérations de l’Orte pour les élus de la communauté urbaine. (la voir)
« L’ORTE NON LOIN DU CENTRE VILLE »
Cette notice de présentation est intéressante à plus d’un titre. Surtout si on la compare au document soumis cet été à la « consultation publique ». Ce document faisait la preuve que les concepteurs du projet n’avaient probablement jamais été sur le terrain.
Ainsi l’Orte, qui n’est pas un quartier mais un lieu dit, était située à proximité du centre ville. Dans la notice pour les élus, l’Orte a un peu bougé , puisqu’elle est dorénavant située « non loin du centre ville ».
La réalité est qu’il y a toujours 3 km de distance entre ce lieu, choisi pour être bétonné, et le centre, les écoles et les commerces... Certains n’hésiteront pas à voir dans ces querelles de distance, du détail, de la pécadille. Et pourtant le fait de ne pas se rendre sur le terrain, dans ce lieu si particulier, est fondamental. Il permet de dire n’importe quoi; par exemple, concernant la prévention des risques inondations.
ET REVOILÀ LE COUP
DU PLAN DE PREVENTION DES RISQUES INONDATIONS
On sait depuis le début que les « autorités » vont raconter que le projet sera « conforme au Plan de Prévention des Risques Inondations ». Mais on sait depuis le début que ce sera un coup tordu. On l’a écrit il y a plusieurs mois (lire "Immeubles ... Plus forts que les inondations") , en voilà la confirmation:
◊ lecture de quelques extraits de la délibération n°9 –5, présentée lundi prochain au conseil communautaire :
- « Considérant d’autre part, qu’en matière de risque, la présente délibération, a uniquement pour objet de fixer une majoration du volume constructible dans les secteurs délimités et qu’elle ne porte pas sur le projet de plan de prévention des risques inondations ». Donc, on n’en parle pas et l’on adopte des règles de constructibilités (hauteur, densification) qui n’ont pas de rapport avec la réalité du terrain
Et plus loin
- « Considérant que les constructions futures devront respecter les prescriptions du plan de prévention des risques, quand celui-ci aura été approuvé ». Constatons d’entrée que pour la communauté urbaine, il ne fait aucun doute qu’il sera possible de construire là. Et probablement sans contrainte dure, puisqu’on demande aux élus de prendre la décision de densifier tout un secteur, avant même de savoir si ce sera possible au regard des risques et dans quelles conditions.
CIRCULEZ, IL N’Y A RIEN À VOIR
Mais il y a pire et c’est le maire de Levens qui « mange le morceau » lors du conseil municipal du 21 octobre dernier.
À la question d’Auguste Guglielmazzi, élu de l’opposition, sur l’état des études complémentaires qui doivent être réalisées sur le secteur de l’Orte pour le PPRI, Antoine Véran répond « Le Plan de Prévention des Risques Inondations est à l’approbation…il n’y a aucune modification… il est accepté tel que…». Quel aveu ! Tout ça dans le secret des bureaux !
L’on sait qu’il n’y a eu aucune enquête sérieuse de terrain sur le secteur. L’on sait que les riverains qui connaissent la complexité du réseau hydrologique des lieux (sources, résurgences, ruisseaux, puits, bassins) sont tenus écartés de l’enquête. Cela est pourtant contraire à la logique des PPRI qui recommande avant tout de se rapprocher des témoins et des riverains. Mais ici on ne veut pas des témoins. Ici on adapte l’expertise des risques aux projets que l’on a et aux seuls moyens que l’on veut mettre en oeuvre. C'est à dire on adapte le PPRI aux constructions d'immeubles et non l'inverse. Tout le contraire de l’esprit des PPR.
Et pour ceux qui n’auraient pas bien compris, le maire conclu « on veut faire ces immeubles et on les fera ». Traduction : « c’est certainement pas le PPRI qui nous en empêchera ».
PLUSIEURS HA DE PROPRIÉTÉS PRIVÉES CONCERNÉS
Une confirmation: la surface de 2,65 ha transformée en zone Uca1, comporte bien plusieurs parcelles de propriétés privées. Précisément 2 ha qui seront ainsi plus facilement soumis à préemption ou à expropriation. Au nom du social que le maire de Levens à toujours refusé comme il se l’est vu reproché par l’opposition depuis des années. Pire la mairie a même rénové des logements pour les louer en loyer libres et "surtout pas sociaux" (pour reprendre les paroles du maire). ( Quelques exemples: à côté de l'école primaire, au dessus de la Poste... ).
Une autre confirmation: on n’en n’est qu’au tout début du processus de transformation de la commune. Sinon pourquoi modifier autant de surfaces. C’est d’ailleurs explicite dans la notice de présentation « deux premiers secteurs d'études ont été dégagés » (à propos du Rivet et de l’Orte)
La suite est d’ailleurs annoncé : « La communauté urbaine Nice Côte d’Azur en concertation avec la commune de Levens a défini les besoins de logements de la population active conformément aux orientations du second programme local de l’habitat qui sera mis en œuvre au 1er janvier 2010 ». La population active, laquelle ? sinon celle de Nice et de la Côte ? Il n’y a pas de travail à Levens !
LES MOTS ET LA RÉALITÉ
Quelques perles sont à relever dans la notice de présentation des projets de délibérations qui seront soumis à approbation des élus.
- Cette opération est qualifiée de « pilote ». Il fut un temps où l’on parlait d’éco quartier. Sauf que devant la risée générale, ils n’osent plus pareille stupidité , mais ils parlent de « gestion économe de l’espace ». C’est l’art d’utiliser à son profit les erreurs qu’on a favorisées. Il n’y a qu’à voir l’éparpillement des villas.
- Dans le genre « on se fout de vous et on insiste », celle là n’est pas la plus mauvaise « une bonne intégration dans le site ». Tout ceux qui sont venus sur les lieux savent le gâchis qui se prépare. Dans un premier temps, sur les premiers 6000 m2, 4 immeubles de 3 à 4 niveaux (R+2 sur des restanques, c’est à dire R+3 au point le plus élevé)
Calculez, ça en fait combien encore d’immeubles à construire sur les 20 000 m2 restants ? A savoir aussi que les prochains, grâce à la densification votée, pourrons atteindre 4 à 5 niveaux (en jouant sur la dénivellation des restanques), ça en fait combien d’appartements ? ça en fait combien de voitures ?
Et puis il y a la compatibilité avec les documents supra communaux.
- On ne résiste pas au plaisir de citer quelques extraits. Ainsi l’article L 110 du code de l’urbanisme, qui est appelé à la rescousse. On y relève des perles « assurer la protection des milieux et des paysages »,« rationaliser la demande de déplacement »
- Quant à l’article L 121 –1 du code de l’urbanisme on y lit « En tenant compte de l’équilibre entre emploi et habitat ainsi que des moyens de transports et de gestion des eaux ».
Conclusion provisoire: on peut faire tout dire aux mots, ce qu’ils sont censés signifier et leur contraire; on peut annoncer de beaux objectifs et faire le contraire.