NICE CÔTE D’AZUR EXPLIQUE LA CRISE DU LOGEMENT AUX LEVENSOIS
La communication de NCA et du maire de Levens coûte cher, elle est fausse, démagogique…mais elle en dit beaucoup sur les procédés de l’époque.
Depuis que des programmes d’immeubles ont été programmés à Levens (06) en plein centre du village historique (La Treille), en zone résidentielle au cœur d’un espace arboré (le Rivet), et dans une zone soumise à de gros problèmes d’eau, sur des terres plus propices au jardinage qu’au bétonnage, (l’Orte) les promoteurs de cette initiative ont invariablement le même discours. Un discours général: « il faut des logements sociaux », un discours qui évite soigneusement de parler des lieux, ou bien qui lorsqu’il en parle, plaque des mots qui n’ont aucun rapport avec la réalité. (Toute similitude avec d’autres types de discours n’est pas fortuite, elle signe l’air du temps).
Confirmation donc de cette novlangue (voir définition) avec la dernière campagne de communication de la Communauté Urbaine Nice Côte d’Azur.
RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT = BÉTON SUR LES TERRES
« Pourquoi créer de nouveaux logements à Levens ? ».
Telle est la question posée sur quatre pages couleur, papier glacé plus un encart recto verso signé du maire de Levens.
Le tout envoyé par la poste (37 centimes d’euros) à toute la population.
La réponse (?) n’apporte rien de neuf depuis que ces programmes (L’Orte, Le Rivet, La Treille) ont été présentés il y a un an. Mais comme la communication n’est pas de l’information, la répétition vaut argument. Et dépense sur le dos des contribuables.
Mais l’essentiel est ailleurs. Il est dans les termes, les mots sensés désigner la réalité. Les bons termes ne sont pas employés. Pire on dit le contraire de ce qui est. On parle de « logements » là où il faut lire immeubles. On parle de « respect de l’environnement » lorsqu’on va bétonner des jardins; on parle « de satisfaction du plus grand nombre » quand jamais opposition n’a été aussi large ; on parle de « lutter contre l’étalement urbain » quand on bâti des immeubles là ou règne la nature; on parle de la « loi SRU pour Levens» quand on dit « ne pas la respecter à Nice» etc etc.
UN PHOTO MONTAGE TRUQUÉ
Regardons de plus près ce que raconte ce discours officiel à propos du site que nous connaissons bien, celui de l’Orte.
- Le montage présenté fausse la réalité.
Essentiellement dans les perspectives. La rivière a disparu et les jardins l’occupent en partie. Il y aura moins de vert en réalité et plus de place occupée par les immeubles. Quant aux arbres qui seront disposés sur le terrain, autour des immeubles, ils sont déjà hauts et vieux.
Les nuisances n’existent pas. Il n’y a pas de route, pas de voitures pour ces 35 familles. Quasiment pas de gens, juste une charmante personne de dos qui regarde des jardins.
- Le montage présenté révèle la future réalité.
Tout le lieu en sera modifié. Vu la hauteur des bâtiments (3 étages plus rez-de-chaussée) la colline arborée disparaît et seulement la crête apparaît.
- Le montage confirme les impasses.
Que n’a t-on entendu des (rares) partisans de ce projet mal situé lorsqu’on évoquait les problèmes d’eau: « Vous verrez, on fera ce qu’il faut ». Hélas rien sur le photomontage.
Et pour cause, tout est fait avant la finalisation du PPRInondation. La zone, classée bleu ciel sans grosse et contraignante prescription comme les trois quart de la commune, devrait, vu l’abondance de l’eau à cet endroit, être classée rouge, ou pour le moins bleu foncé. Cela induirait une prise en compte des risques et une prévention correcte.
Rien de tout cela puisque les projets présentés sont ceux décidés dés le premier jour il y a plus d’un an.
Malgré les effets pour embellir ce bétonnage, il reste que ce type d’immeuble est une réalisation de ville - pas de village - et encore moins de zone non urbanisée, de zone totalement naturelle.
INTÉGRÉS AU PAYSAGE = DU BÉTON SUR TERRES FERTILES
Probablement que les communicants de NCA ne sont pas venus sur le terrain (décidemment personne ne vient voir sur place; même le sous-préfet était resté au loin, en bord de route, pour une photo éclair lors de sa venue éclair). Ils ne sont pas venus car sinon, ils n’auraient jamais écrit une idiotie du genre « ces logements s’intègrent parfaitement au paysage ».
Le paysage: c’est du vert, des restanques, de l’eau. Ce paysage est remarquable, typique, il devrait être protégé.
Ils ont programmé de le tuer, de bétonner, de l’enlaidir. C’étaient des jardins et ce ne sont pas quelques micros jardins rescapés du béton qui feront oublier la bêtise de ne pas profiter autrement des atouts agricoles de ce lieu exceptionnel.
Et quand on parle de « respectueuses de l’environnement » et …« du développement durable » on voudrait rappeler que pour être respectueux, ici, il ne faudrait rien construire.
Ces phrases sont significatives de la période. Elles reviennent systématiquement, à tout propos. Et tout continue comme avant.
Une étude de 2004 établissait à 2011 la disparition de l’agriculture dans les Alpes Maritimes. Encore un effort et le timing sera tenu. (source DRAF PACA, voir article)
UN ARGUMENTAIRE DÉMAGO
Tout l’argumentaire du maire tourne autour de la crise du logement. Sauf que tous les choix de cet élu contredisent ces arguments. (Faîtes ce que je dis, pas ce que je fais). Et que le logement social est ici pris pour prétexte pour transformer la commune. Nous rappelons que c’est 2,65 ha qui ont été modifiés ici et non pas 6000 m2 . Encore un oubli des communicants. Évidemment que cela « bouleversera l’économie générale de la commune » surtout avec les 14 hectares « gelés » au quartier de La Madone.
Cela fait longtemps que des personnes ont du mal à se loger, le maire qui est là depuis fort longtemps n’a rien fait, pire les locaux, maisons qui sont possession communales, il les a mis à la location au prix du marché. Et cela a renforcé le prix élevé des loyers.
Admettons que l’élu ait soudainement pris conscience de la crise et qu’il change de comportement. Il montrerait la sincérité de son propos en mettant autant d’énergie et d’empressement en s’occupant d’abord des lieux vacants (l’espace des deux gendarmeries à proximité du stade par exemple) .
Autre argument que presque tout le monde peut trouver sensé : « les gens ont des difficultés financières, ils n’y arrivent plus». Exact, et pour ceux qu’intéressent une réponse autre que celle communément véhiculée, nous proposons la réflexion de Frédéric Lordon directeur de recherche au CNRS ( voir les vidéos.)
Le chercheur avançait quelques idées pour sortir de la crise qui ne sont pas celles que défend l’élu local. Et en termes de solidarité, évidemment il n’y a pas photo.
Quand le chercheur préconise de distribuer d’abord l’argent aux ménages plutôt que directement aux banques (l’argent reviendrait in-fine aux banques mais cela change tout), l’élu local, lui, joue un sport très actuel : faire culpabiliser les gens et donner l’argent public aux entreprises.
LA LOI, MAIS PAS POUR TOUS
Dans une interview au journal le Patriote (lire) Mme Estrosi Sassonne responsable des questions du logement à la communauté urbaine déclarait « nous ne respecterons pas la loi SRU ».
Évidemment elle parlait de Nice.
Pareil aveu invalide tout recours à la loi pour les autres communes. Et pourquoi faire appel à la loi pour justifier les constructions de Levens ? Parce ce que Nice met ailleurs (d’abord à Levens car ici le Maire est plus que complaisant) les logements qu’elle ne fait pas là où il y en a le plus besoin : en ville, près des activités.
GASPILLAGE D’ARGENT PUBLIC
Cette opération de com. succède à bien d’autres, payées par l’argent des contribuables. Ce sont des pages entières à la gloire du maire (6-8 photos de lui par page), ou de ses initiatives, qui sont achetées tous les mois à ce qu’on ne peut pas appeler une revue, mais que les gens du coin connaissent sous le nom de « Villes et villages ». Combien cela coûte t-il ?
Ces opérations offrent l’avantage de ne pas présenter d’autres points de vue que le sien. Beaucoup de contribuables paient pour la diffusion de discours avec lesquels ils ne sont pas d’accord. Très fort !
Tous ceux qui connaissent la vie locale savent que jamais opposition n’a été aussi massive sur des projets. Que cette opposition touche des gens de toutes opinions, organisés ou pas. Cela s’est traduit par la première manifestation de l’histoire de la commune qui a réuni sur un parcours de 3 km, 300 personnes. Cela se traduit par des discussions entre habitants. Et évidemment il y a péril pour le pouvoir local.
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