PLU LEVENS : UNE ENQUÊTE PUBLIQUE FOISONNANTE
Levens : 2985 hectares, 4718 habitants en 2009 et ….des centaines de pages d’arguments dans le cadre de l'enquête publique du Plan Local d’Urbanisme.
L'enquête publique terminée ce jeudi 19 avril, on peut tirer quelques enseignements.
D'abord, il les fallait bien ces quinze jours supplémentaire, tant la population a participé et donné son avis. Et jusqu’au dernier moment le cahier déposé en salle de la mairie s’est enrichi de contributions individuelles ou associatives. Des centaines de pages, des centaines de personnes, voilà le résultat quand on fait connaître les enjeux, quand on informe réellement et qu’on laisse l’expression libre.
Et ça c’est le résultat pour beaucoup du travail des associations l’ADSLevens, Les Perdigones, Levens avenir. Et puis d'autres comme "Ensemble Plan du Var", qui a produit un texte critique sur l'évolution de la situation de ce quartier de 130 habitants appelé à en recevoir 10 fois plus; texte signé par...des dizaines d'habitants du quartier. Et puis des habitants qui ont pris le temps de rentrer dans ces questions compliquées.
L'association Les Perdigones, comme de nombreux habitants a d'abord recontré le commissaire enquêteur, puis dans les premiers temps de l'enquête publique, nous avons déposé une première contribution faisant état des conditions dans lesquelles ce PLU s'est élaboré et du manque de lisibilité des documents fournis. (ICI)
Dans un deuxième temps, nous avons déposé une contribution détaillée, elle embrasse de nombreux points incohérents et critiquables, au point de vue de l'Environnement, de l'Agriculture, de l'Urbanisation,
La lire ICI
Urbanisation, Agriculture, PPRI
Impossible de relayer honnêtement la diversité, la densité des interventions. Par contre pour les avoir consultées, l’on se doit de dire qu’il n’y en a pas beaucoup qui appuient ce PLU.
Au delà des questions personnelles (comme dans toute enquête de ce type), beaucoup de contributions portent sur des thèmes d’intérêts généraux .
On en identifie trois: la question de l’urbanisation, la question agricole, le Plan de prévention des Risques Inondations.
L’Urbanisation traumatisante
Globalement l’urbanisation à venir est vécue comme traumatisante. Et incohérente. Les argumentaires sont divers et variés.
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Pas de travail sur la commune, 3/4 des actifs travaillent à l’extérieur, ce qui est la caractéristique d’une commune dortoir et cette tendance va s’accentuer.
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Peur d’une modification de fond de la commune, crainte d’une perte de la qualité de vie.
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L’éloignement domicile/ travail qui est la logique à l’oeuvre dans ce PLU est critiqué : trajets sur routes plus longs, plus dangereux,
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non conformité au "Grenelle de l'environnement" . La gestion non économe de l'espace pourtant préconisé est relevée.
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ainsi que les libertés prises avec la Directive Territoriale d'Aménagement. (lieux d'urbanisation choisis)
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La beauté des lieux qu’il faut préserver revient dans pas mal de contributions où l’on évoque les paysages dégradés, les risques naturels mal évalués etc.
Deux conceptions de l’agriculture
Si on avait dit il y a quelques années que l’agriculture serait en débat sur la commune de Levens, on ne nous aurait pas cru. Et pourtant ce fut un débat très instructif sur le positionnement des uns et des autres.
On connaît notre position. Dans la période de crises (sociale, écologique, économique) qui va s’accentuer, nous défendons l’idée que pas un mètre carré de terre fertile, arable, nourricière, capable de donner des fruits, des légumes ne soit perdu.
Nous ne sommes pas seuls à avoir ce point de vue. Et chose nouvelle, des associations extérieures à la commune l’ont dit dans le cadre de cette enquête publique. Elles partent d'un principe simple : La terre nourricière est un bien commun et l'on doit, partout, défendre ces meilleures terres garantes de l'avenir.
Ainsi il y a eu les avis d’associations de citoyens comme "Aqui Sien Ben" de Carros (lire ), "Bio Consom'acteurs" (lire), mais aussi de professionnels comme "Agribio 06" (lire ici leur contribution détaillée), de professionnels et citoyens regroupés autour de " Terres de liens" (lire), de "Filières Paysannes", et du "Collectif de Défense des Terres Fertiles (83)" , très en pointe depuis des années sur cette question (lire), mais aussi de syndicats agricoles comme la "Confédération Paysanne 06" (ICI) ...
Tous défendent les terres arables dans leur totalité,
L’autre conception est une conception qui ne peut concevoir la question agricole que sur de grands espaces et qui s’arrange avec deux éléments essentiels: la valeur agronomique des sols et le rapport à l’alimentation des populations locales.
Constatons que dans les Alpes Maritimes (chiffre chambre d’agriculture ) « sur 1836 exploitations, près d’un quart sont en maraîchage (489). Ce sont des petites exploitations de 5000 m 2 en moyenne » (extrait de "Terres d'Horizons, mars 2012, qui est la revue de la Chambre d'Agriculture du 06)
Pour ceux qui ne le savent pas encore, il y a des sols nourriciers, riches de vie, qu’on peut mesurer par la valeur agronomique. Il reste peu de ces terres là, souvent planes et irrigables facilement. Il faut donc les sauver.
L’agriculture, culture, pour nous, (le "Grenelle" ne dit pas autre chose), doit d’abord nourrir les populations.
Maraîchage, fruits, élevage, fromage, huile d’olive, olives: le territoire de Levens permet toutes ces productions ! Le PLU non ! C’est contre cela que se sont élevées beaucoup de personnes
Pour quelques uns, qui profitent il est vrai du vague de la définition, tout est Agriculture. Ainsi de l’élevage de chevaux pour ballades de loisirs, de l’élevage de chiens etc .
On ne va pas faire ce débat ici, il y aurait beaucoup à dire. Entendons nous bien, il n'est pas question d'empêcher les activités de loisir qui vont de pair avec le "Vert Pays" de Levens, et respectent son cadre et sa richesse naturelle, ni de critiquer des activités d'élevage ou de dressage des meilleurs "compagnons de l'homme". Mais tout ne se vaut pas et personne n’est dupe sur les « hectares agricoles de Levens ».
L’Arlésienne: le PPRI
Faire un PLU sans PPRI (Plan de Prévention des Risques Inondation), cela peut se faire. Surtout s’il n’a pas été prescrit. A Levens il a été prescrit et mis à l’enquête publique ! Celle-ci a été effectuée, de même que les études complémentaires demandées. Ces études concernent, dans un premier temps, le secteur de l’Orte, et dans un deuxième temps, plus largement les environs. Tout est fait, mais le public n’en saura rien.
Des contributeurs ont relevés cette anomalie et certains ne mâchent pas leurs mots en parlant de manipulation.
Pas dupes de la manœuvre ils soulignent qu’on ne devrait pas tarder à voir sortir le PPRI, après l’enquête publique du PLU.
On partage leur avis et on s’attend à un chef d’œuvre !
La délibération du conseil municipal sur la Madone
On a eu droit pendant l’enquête publique à un autre tour de passe passe, avec le 4 avril dernier, une délibération, vœu de la municipalité, sur le secteur de la Madone. Ce vœu était censé atténuer les constructions qu’une délibération du même conseil municipal avait initié deux mois plus tôt. (vous voyez le niveau de cette équipe...)
Nous avions dit dès le début que cela n’avait aucune valeur si les décisions municipales et métropolitaines qui fixent le cadre de la convention avec L’EPF PACA n’étaient pas annulées.
La délibération municipale du 19 janvier, prise pour cela, n'a pas été retirée par la municipalité.
Et la Métropole NCA a confirmé cette délibération le vendredi 13 Avril (la délib est LÀ), malgré l'intervention d'Emmanuelle Gaziello (Front de Gauche) et de Rémi Gaechter (Europe Ecologie les Verts, pour le groupe Changer d'Ère) qui en demandaient le retrait.
Donc rien de changé pour ce secteur, les projets prévus sont bien en cours…nous avions bien dit:"libre à ceux qui veulent se laisser bercer par les sirènes..."
La pétition va arriver
Pendant l’enquête publique, des habitants nous ont demandé ce qu’il en était de la pétition annoncée en réunion publique. Elle arrive. Les associations n’ont pas voulu interférer pendant l’enquête publique, ni sur le commissaire enquêteur. Elle sera adressée à Christian Estrosi, président de la Métropole Nice Côte d’Azur, aux élus de la métropole et à Antoine Véran, Maire de Levens.
Cette histoire ne fait que commencer, mais les levensois ont gagné du poids et de l’unité et ça va être de plus en plus dur de raconter n’importe quoi….