DECHETS DANS LES ALPES MARITIMES : LA CRISE
Les Alpes Maritimes, l’un des départements qui produit le plus de déchets par habitant. Pour ne pas avoir traité correctement le problème, la situation est devenu grave et l’on s’en remet à l’incinération. (CQFD)
Les déchets dans les Alpes Maritimes, c’est une question mal abordée pendant des années, et aujourd’hui c’est sans doute le problème n° 1 de ce département. Toute la presse fait le même constat.
Ainsi Les Echos : « Les Alpes Maritimes ne savent plus quoi faire de leur déchets », « le département des Alpes Maritimes replonge dans la crise » titre le moniteur ; quant aux Dernières Nouvelles d’Alsace , c’est sans appel : «traitement des déchets, la côte d’alerte.»; et le monde : "côte d'azur, côte d'ordure", pour voir l'article cliquer link
PLUS DE 600 KG DE DECHETS PAR PERSONNE ET PAR AN ;
Avec plus de 600 kg de déchets par personne et par an, le département des Alpes Maritimes est l’un des plus gros producteur de déchets de France par habitant. Le tourisme et les flux de populations sont à prendre en compte mais n’expliquent pas tout. Les revenus élevés d’une partie de la population, le haut niveau de consommation et l’absence de politique de réduction des déchets « à la source » complètent ce beau tableau.
En comparaison, la production de déchets est évaluée ainsi : 760 kg par an aux Etats-Unis, 380 kg en France et 200 kg en moyenne dans les pays émergents. En France, elle a doublée en quarante ans. A cette allure là, on laisse à chacun le soin d’imaginer la suite.
UNE ABSENCE DE PREVISION
A cette production plus qu’importante de déchets se combine une absence totale de prévision des responsables.
Ainsi la décharge de la Glacière, située à Villeneuve-Loubet, à une vingtaine de kilomètres de Nice doit fermer le 17 juillet. link
Ce vaste centre de stockage des déchets non dangereux accueille la quasi-totalité des ordures de l'ouest du département, dont celles de Cannes et Grasse. Il est à saturation, de plus il est pollué à l’arsenic. Trois cent mille tonnes par an à recaser. Où? Rien n’est prévu !
On va augmenter l’incinération et autoriser le cimentier Vicat, dans la vallée des Paillons, à brûler 125 000 tonnes. Comme ça ne suffira pas on va essayer d’en refiler à l’extérieur du département. Les pires solutions. A la pollution, on va ajouter des coûts supplémentaires (12 millions d'euros par an pour une évacuation à 200 km ).
On installe une logique de marché, on va augmenter fortement le coût de la tonne de déchets en décharge et les nuisances liées à leur transport. D'où une addition salée pour les citoyens.
Autre exemple de cette mauvaise gestion : celui de la CANCA (Communauté d’Agglomération Nice Côte d’Azur, aujourd’hui devenue communauté urbaine), pas moins de 500 000 habitants dont Nice.
Lorsque le tri des déchets est lancé en Octobre 2002, on part de loin. Quasiment rien n’a été fait auparavant et l’on croit modifier les mentalités avec une campagne « Désolé les déchets, il faut vous séparer ». D’autres régions en France ont commencé le tri de nombreuses années auparavant. On connaît leurs expériences, la persévérance nécessaire. Tout le monde sait qu’il faut faire un travail d’explication, qu’il faut une force de conviction vraiment importante. Il faut y mettre les moyens. Ici, service minimum.
Pendant ce temps sur sa propre commune, le maire de Levens, responsable des déchets de la CANCA laissait se dérouler une opération d’envergure de comblement d’un vallon (Le vallon de la Cumba).
Durant des années des camions ont déversé de tout sans contrôle ni paiement à la commune, jusqu’à déposer sur 6000 m2, plus de 25 000 m 3 de déchets. ( pour voir les 2 articles dans la presse locale en 2006 cliquer link et link )
Les composteurs ont été distribués il y a peu, et preuve que le message est bien passé, tout le monde n’en n’a pas, et l’on trouve de tout dans les poubelles : de la tonte d’herbe comme des appareils ménagers.
Qui plus est, les déchets mal triés vont …à l’incinérateur de l’Ariane.
Facile de tout mettre dans des fours à 800 °. Et de grossir le tonnage. Alors qu’il aurait fallu mettre tous les efforts pour produire moins de déchets. link
Parce que le problème du tri avec un incinérateur au bout, c’est que l’on brûle beaucoup pour recycler peu. En France, 13 % seulement des déchets sont recyclés alors qu’on dépasse les 55 % chez nos voisins allemands. Notre pays réussit l'exploit d'avoir à la fois un fort taux d'incinération (43%) et un fort taux de mise en décharge (38%), pour seulement 13% de recyclage et 6% de compostage (soit 19% de valorisation au total, source ADEME).
L’INCINERATEUR PRODUIT DES DECHETS
George Orwell, décrit dans 1984, une société pas du tout démocratique dans laquelle la propagande consiste à inverser le sens des mots.
On y est en plein dedans. Ainsi polluer devient valoriser.
Car il ne faut pas croire qu’incinérer supprime les décharges. link et link
Une partie des déchets brûlés part en fumée et c’est la nature qui sert de décharge, le reste est transformé en produit, dont certains sont toxiques.
Ainsi une usine de 200.000 tonnes, par an, produit 6.000 tonnes de déchets hautement toxiques appelés « cendres volantes », « gâteaux » - ça ne s’invente pas - qui sont déversés dans les décharges pour déchets industriels. Elle recrache aussi 60.000 tonnes de cendres toxiques, cachées sous le doux euphémisme de « mâchefers ».
Selon leur concentration en polluants, une partie de ces cendres va remplir les décharges prévues pour les déchets ménagers. Une autre partie, considérée officiellement comme sans danger, est déversée sous ou sur le côté des routes sous prétexte de « valorisation ». Sans danger, c’est pas l’avis de tout le monde, à un point tel que, technicités.fr, le site des professionnels de la ville et des territoires relève que: « L'utilisation des mâchefers doit se faire en dehors des zones inondables et des périmètres de protection rapprochés, des captages d'alimentation en eau potable , ainsi qu'à une distance d'au moins 30 mètres de tout cours d'eau . »
Vous connaissez la différence entre un déchet brûlé et un déchet valorisé ? Le premier produit encore des déchets et de la pollution, le second a une seconde vie et devient une matière intéressante. link
QUELQUES BONNES NOUVELLES
Enfin des bonnes nouvelles !
Quelques jours avant la réunion de vendredi du Comité Local d’Information et de Surveillance de l’incinérateur de l’Ariane, l’adjoint à la santé de la ville de Nice Daniel Benchimol propose enfin la mise en place « d’un organe de veille sanitaire ».
Faisant état d’une étude entre 2005 et 2007, l’élu déclare « On ne constate pas un nombre plus élevé de cas de cancer dans les zones riveraines de l’usine qu’ailleurs dans le reste du département. Il y en a même moins» ( ! ) Nice Matin du lundi 11 juin 2009.
En conséquence de quoi le Maire, président de la communauté urbaine, Christian Estrosi, peut parler de l’incinération « comme la meilleure des réponses ». (CQFD)
Notre prochain article sera consacré aux solutions qui préservent l’environnement.