Forte augmentation des arrêtés de catastrophe naturelle
« Il n’y a jamais eu d’inondations ici »
C’est le maire le Levens (alpes- maritimes) qui parle ainsi. Il le dit lors d’un entretien au commissaire enquêteur dans le cadre de l’enquête publique du Plan de Prévention des Risques Inondations. Une enquête récente puisqu’elle s’est déroulée de février à Mars 2009.
Et le Maire a raison. Tous ceux qui y habitent ou qui connaissent cette commune (située entre 200 mètres et 1414 mètres d’altitude) le savent: il n’y a jamais eu de victimes pour cause de déchaînement des eaux. On n’est ni à Nîmes, ni à Vaison-la-romaine. Mais il ne faut jamais dire jamais.
Car s’il n’y a pas eu d’aléa de ce niveau, pour autant, le maire a tort. Le risque inondations est de plus en plus présent sur la commune. La preuve ? Le nombre de reconnaissances de catastrophes naturelles concernant Levens: 13 de 1982 à 2009, dont 5 concernant les inondations. (Voir en cliquant link). Et l’on ne prend pas un arrêté de catastrophe naturelle à la légère. C’est parce que se produisent des événements graves, avec enjeu humain ou matériel que de telles décisions sont prises.
Il y a exactement sept ans qu’un journal local attirait l’attention sur cette question. À l’époque il n’y avait eu « que » sept arrêtés de catastrophes naturelles. Depuis, tout s’est accéléré. Ou les autorités ont la main facile, ou bien la nature devient plus capricieuse. À l’époque ce même journal (« le petit vert » de Levens Au Cœur) alertait sur le «facteur humain aggravant les conséquences des caprices de la nature ».
Et de s’inquiéter de la modification du POS (plan d’occupation des sols) en mai 2000 qui densifiait les zones constructibles.
Petit rappel ; en 1999 la population était de 3712 habitants, alors qu’elle n’était que de 1800 quatorze ans plus tôt. À l’époque on évoquait un hypothétique 5000 habitants pour plus tard.
Aujourd’hui, on y est, et l’accélération a été encore plus rapide que prévue.
Mais cela a une conséquence:les risques et les aléas augmentent selon un rythme semblable à celui de l’augmentation de la population. Étonnant, n’est ce pas ?
L’accentuation des risques à Levens aggrave les risques sur les communes inférieures ; Ainsi Tourrettes-Levens, le village inférieur, a dans la même période 18 arrêtés de catastrophe naturelle (Voir en cliquant link.) Et lorsque l’on analyse les aléas on s’aperçoit que pour les mêmes dates, ce qui ne ressemble qu’à de très fortes pluies à Levens devient une catastrophe inondation à Tourrettes-Levens. Par exemple le 11 octobre 2000. Ainsi dans la période où Levens reçoit 5 arrêtés de catastrophe inondations et coulées de boue, Tourrettes -Levens en a 9.
Car cette belle région est particulière. De par son climat méditerranéen, elle alterne des périodes de grandes sécheresses à des périodes de pluies torrentielles. Elle est particulière aussi de par sa géographie et son relief. Des montagnes qui tombent dans la mer. Des pentes sur lesquelles le béton accélère l’eau. Des ruisseaux souvent à sec qui se remplissent de plus en plus vite et fort.
Nouveauté de l’étape présente, aux maisons individuelles vont succéder les immeubles.
Autre nouveauté, on se fout totalement de la nature. Aussi bien à l’Orte qu’au Rivet classé en zone rouge par le PPRI (c’est-à-dire inconstructible). Grenelle de l’environnement ou pas, on est toujours dans la même logique. Pire on l'accélère.
Reste que c’est toujours la nature qui a le dernier mot. Quel en sera le prix à payer pour que cela devienne incontournable est la seule question.