Les olives, victimes de l'incinérateur de l'Ariane (Nice)
Un taux de Dioxine bien au-delà des normes, c’est ce que révèle un rapport longtemps caché à propos de l’usine d’incinération de l’Ariane à Nice. Premières victimes : les olives. Elles en contenaient jusqu’à 1,4 pg/g alors que le maximum autorisé par l'Union européenne est de 0,50 pg/g.
A Nice au cœur d’un quartier populaire de 12 000 habitants, de longues fumées s’échappent régulièrement. Deux milliards de mètre cubes de fumées sortent tous les ans de l’usine d’incinération des ordures ménagères (UIOM). 385 000 tonnes de déchets sont brûlés chaque année dans les quatre fours, dont 22 000 tonnes de boues de station d’épuration et 5 000 tonnes de déchets hospitaliers.
Selon la Sonitherm, la société qui gère ces équipements l’usine de l’Ariane produit « 36 000 MWH électriques, 110 000 MWH chaleur desservant une population de 11 000 équivalent logements, » cela ajoute t-elle « dans le strict respect des réglementations en vigueur». (cliquez link )
DES CHIFFRES ALARMANTS, DES ANNEES APRES !
C’est là que le bât blesse. Des riverains regroupés autour d’une association, le Comité de Défense des Intérêts de l'Abadie (CDIA) ( link ) se battent depuis des années autour des questions environnementales. Depuis des années ils exigent les chiffres concernant les relevés de pollution, et notamment les taux de Dioxine. Les Dioxines, ce n’est pas rien. Depuis 1987, elles sont classés cancérigènes par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé.)
Quant au bassin de population concerné, il est important. Il touche les collines alentour, mais aussi les communes des vallées voisines.
Lorsque les chiffres d’une étude réalisée fin 2005 par le laboratoire CARSO pour la Sonitherm sont transmis à la CDIA qui siège au sein d’un Comité Local d’Information et de Sécurité (CLIS), l’association n’hésite pas à dire: " certains chiffres sont dissimulés."
« Dès le début, nous avons dit que le document était falsifié, qu'il manquait la colonne de résultats la plus importante », s'indigne Jack André Closse, le président du CDIA « Nous en avons maintenant la preuve. » Trois ans et demi plus tard les chiffres sont enfin complets, et ils donnent raison à l’association…
DES CHIFFRES DISSIMULES
…et tort à tous ceux qui expliquaient : « les normes sont respectées » sous-entendu, circulez, il n’y a rien à voir.
Ainsi lors d’une enquête réalisée par le quotidien local Nice Matin (Nice Matin du 16 mai 2007), Antoine Véran à l’époque Vice-Président de la Communauté d’Agglomération Nice Côte d’Azur, Délégué à la collecte et à la gestion des déchets commentait ainsi les fameux chiffres dissimulés : « Je ne suis pas un menteur, je ne suis pas un voyou …. Et si on me démontre que quelqu’un dissimulait des chiffres je serai le premier à m’élever contre ces procédés »
Des chiffres dissimulés pendant des années, donc, et des points de règlement non respectés pour une installation de ce type. D’un rapport à l’autre les inspecteurs de la DRIRE relèvent les manques. A chaque inspection il y en a beaucoup, mais ça ne va jamais plus loin qu’une mise en demeure le 5 mai 2008. (Pour plus d'infos cliquer link )
Des élus pas au courant, des rapports peu suivis d’effets , quelques études sur les olives mais toujours pas sur la santé humaine, bref tout va bien…
LES SOLS DES OLIVERAIES DE LEVENS AUX NORMES DES ZONES URBAINES
…très bien même, car pour Antoine Véran l’incinération, c’est de la valorisation des déchets. Il le dit le 17 novembre 2005 à l’Express : « Nous valorisons 95% de nos déchets, 85% par l’incinération, 10 % par le tri sélectif ».
Et pourtant l’ancien responsable des déchets et toujours maire de Levens devrait être plus attentif aux conséquences de l’incinération.
Ainsi une étude des sols des oliveraies sur trois collines de Nice (l’Abadie, Rimiez, Vinaigrier) et sur la commune de Levens révèle pour cette dernière des mauvais chiffres. En ce qui concerne les Dioxines et les Furannes les sols à Levens, pourtant en zone rurale et à 20 Km de l’usine, donnent 12 pg/g de matière sèche, ce qui est la norme des zones urbaines (entre 0,2 et 17).
des études sur les olives, sur l'huile d'olive,
mais pas d'enquête épidémiologique sur les populations
LES NORMES DE 2005 INSUFFISANTES
On le sait aujourd’hui. Chez les personnes ayant vécu à proximité des incinérateurs, le risque de cancers augmente. Ainsi pour le cancer du sein : 9%, pour le cancer du foie : 16%, pour les sarcomes mous : 22%. Mais c’était les conséquences des incinérateurs d’avant.
Depuis 2005, les normes concernant les dioxines sont plus contraignantes. Et les défenseurs de l’incinération de ne voir que cet aspect. Sauf qu’en plus de la dioxine s’échappent 2000 autres substances. Il n’existe pas d’incinérateur propre. (Pour plus d'info cliquer link )
C’est ce qui a justifié en avril 2008, l’appel de trois mille médecins, dont beaucoup de cancérologues pour arrêter l’incinération. Le professeur Belpomme, cancérologue à l'hôpital Georges Pompidou et président de l'Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse, s'alarme de cette "mixture de substances potentiellement dangereuses qui s'échappe des cheminées".
Avec 134 incinérateurs en service (2004), la France est le pays d’Europe qui en possède le plus. Et le département des Alpes Maritimes avec une politique du traitement des déchets catastrophique, va, contrairement à toutes les promesses du grenelle de l’environnement, continuer dans cette voie.