Centrale Photovoltaïque de Monaco à Levens: l'anthropisation en question

Publié le par les perdigones

          « C’est le site le plus vieux anthropisé des Alpes Maritimes », le Maire de Levens qui court subitement les médias  depuis quelques jours parle ainsi de l’Arpasse. Avec sa définition de l’anthropisation c’est quasiment tous les espaces naturels du département qui pourraient accueillir des centrales photovoltaïques. Il justifie ainsi par avance le massacre environnemental.
 

 

          Les enquêtes publiques terminées, le permis validé par le préfet malgré les avis négatifs, l’annonce de nos recours (peut être d’ailleurs y en en aura-t-il d’autres), et voilà le Maire de Levens qui cherche à relancer le débat. Il court les médias (BFM, France Bleu Azur, etc.) pour annoncer que ça y est la centrale va se faire. Et que c’est bien parce que cette zone est dégradée, et qu’il va protéger toutes les espèces, et qu’il va produire beaucoup d’énergie, et qu’il n’y aucun danger pour les populations (risques déboulements…) etc. etc. Tout cela est faux et a été largement documenté.

          Mais revenons à l’une des questions les plus importantes : celle du choix du lieu.

          BFM reçoit le maire en entretien. Tout seul, sans contradicteur. Et il se lâche. 

          La journaliste lui oppose les doctrines du département, notamment, qui préconisent de faire du photovoltaïque d’abord sur les toitures, les parkings, les délaissés et les zones anthropisées.

          Le maire répond « c’est ce qu’on a fait chère madame, c’est le plus vieux  site anthropisé des Alpes Maritimes», et d’expliquer qu’il y a là quelques poteaux électriques plantés dans du béton, et une piste…

Si le Mont Arpasse est anthropisé,

tout le département l’est !

          Qu’est ce qu’un site anthropisé ? Un site où l’homme a  laissé peu d’empreintes, ou un site absolument dégradé type la déchèterie de Levens ? Les deux ne sont pas identiques. Pour le maire oui.

          Il faut savoir que des sites pas du tout anthropisés, là où l’homme n’a laissé aucune trace, il n’en existe quasiment plus. C’est pourquoi l’office français de la biodiversité parle de site peu anthropisés pour les espaces naturels. Et le Mont Arpasse en fait partie comme 53% du territoire métropolitain (chiffres 2018)

 https://naturefrance.fr/indicateurs/part-du-territoire-occupe-par-les-ecosystemes-peu-anthropises

Extrait : « Par convention les écosystèmes dits peu anthropisés regroupent les forêts et milieux semi-naturels, les zones humides, les prairies ou encore les territoires agro-forestiers. Ces espaces permettent l’expression d’une biodiversité plus riche car l’activité humaine est moins impactante, avec des usages qui utilisent et renouvellent la nature » 

           L’ Arpasse est il un site dégradé ? Y a-t-il du béton partout ? N’y a t-il plus de biodiversité, y a-t-il de la pollution ? Pas du tout.

          C’est même le contraire, ce lieu est propice à la vie. Il recèle de nombreuses espèces protégées. Page 14 du rapport d'enquête publique est listé la quarantaine d 'espèces protégées (oiseaux, chiroptères, insectes, reptiles, mammifères etc. ). C’est d’ailleurs pour cela que la Métropole l’avait classé en zone « réservoir de biodiversité ». C’est d’ailleurs pour cela que les porteurs du projet ont été obligés de demander l’autorisation de détruire toute une série d’espèces protégés et se sont vus opposés un refus par le Conseil National de Protection de la Nature. (LIEN).

          Le site fait partie d’un grand ensemble,  les zones qui l’entourent sont aussi des zones protégées et reconnues comme réservoirs de biodiversité. Tout cela a été dit, documenté, recensé. On ne va pas refaire le débat, et ressortir tous les documents qui attestent cela…

          «  La fragmentation d’un espace naturel terrestre ou son morcellement perturbe la libre circulation des espèces qu’il abrite et porte atteinte à leur capacité à s’alimenter et à se reproduire » Citation issues de  - statistiques.developpementdurable.gouv.fr - ministère de la transition écologique 2021 - 

          C’est précisément, ce qui se passerait si la centrale photovoltaïque était construite à l’Arpasse. 5 hectares de panneaux solaires pour 12 hectares de zonage naturel disparu et 20 hectares ravagés au total avec le débroussaillage obligatoire tout autour; sans compter 230 ha de réservoirs de biodiversité impactés pour les compensations prévues  (page 29 rapport enquête publique) 

          Appliquons les critères du maire. Une piste, quelques poteaux électriques, et cela suffit. Surtout ne pas tenir compte de la biodiversité, des espaces environnants, des paysages. Non le sol c’est de la surface, et donc on peut bâtir partout en espace naturel ou agricole.

          Prenons juste quelques exemples : A la Madone d'Utelle où il y a une chapelle et une route; au Grand Pré de Levens où il y a un stade, des installations de loisirs et des routes tout autour; au Mont Férion et bien d'autres où il y a des pistes et des engins qui les empruntent.

          Ainsi, avec les critères du maire,  cela s’applique partout où passent des lignes électriques, partout où passent des hommes sur des pistes, partout… Quel bel avenir pour les Alpes Maritimes qui sont l’un des départements les plus riches en biodiversité et en paysages ! Et ne nous y trompons pas, cela est dit parce que d’autres projets du même acabit sont à l'étude…

Pas d’études des sites anthropisés des Alpes Maritimes

          «Le plus vieux site anthropisé» dit le Maire. Ah bon ? D’où tient il cette information qui n’est jamais apparue dans les enquêtes publiques ? Pourquoi ne lui pose t-on jamais cette question dans les médias? Parce qu’il n’y a pas d’études qui disent cela. Rien. C’est son invention.

          C’est précisément ce que relève le Conseil National de Protection de la Nature : « l’absence  de cartes de sites artificialisés potentiels»… 

          Le Conseil National de Protection de la Nature, qui avait aussi répondu à ce qu’avance le maire en justifiant le choix du site par  « les pylônes, la piste…» dit:  « Pour être en conformité avec les exigences requises par le code de l’environnement pour obtenir une telle dérogation, (NDLR, dérogation pour destruction d’espèces protégées) il aurait fallu présenter une comparaison claire et multicritères de plusieurs localisations du projet, à la fois faisables et équivalentes. »

          Et plus loin le même avis ajoute que la recherche du moindre impact environnemental est:

« très peu convaincante puisqu’elle s’insère dans une trame environnée de tous les côtés par des réservoirs de biodiversité à enjeux très forts, avec plusieurs espèces à enjeux très forts et une fonctionnalité écologique forcement impactée. Enfin, ce site a subi plusieurs incendies au cours des décennies précédentes ; or cette information cruciale pour la pertinence du site et des mesures ERC n’est pas réellement prise en compte. »

Les 2 enquêtes publiques : « Le site n’est pas anthropisé »

          Dans les deux enquêtes publiques, aucun des commissaires enquêteurs ne parle du site comme le fait le maire de Levens.

          Prenons la première, pourtant favorable - sous réserves -  au projet. Elle va elle aussi à l’encontre de ce que dit le maire :

  • « Je considère que le site de l’Arpasse n’est pas le site idéal » (p 96 – Rapport 1ère enquête publique)
  • « Ce site n’est pas anthropisé » (ndlr : La Métropole va cependant justifier le passage de la trame verte et bleu de zone 1 à 4, entre autre par, selon elle « l’anthropisation du site »),
  • « Le site propose un caractère sauvage et préservé » (p 28 - Conclusions.) 

          Mieux même : 

  • « Le site de l’Arpasse n'est clairement pas le site idéal pour un tel projet, sa relative richesse écologique et la beauté de son paysage, rude, mais atypique en font, selon moi, un site remarquable. (p 22)

          Nous ne reviendrons pas sur la seconde enquête, qui a eu accès à des documents qui n’étaient pas fournis dans la première enquête et qui détaille dans son rapport et son avis motivé défavorable tous les éléments qui démontrent que le choix de ce site est totalement inapproprié. 

 des images de l’Arpasse

         Pour beaucoup de gens le site est magnifique et plein de vie. Pour le Maire pas du tout. Les textes, analyses, documents viendront le moment venu dans le débat juridique.

          En attendant nous vous conseillons, d'aller sur place, de le parcourir. Lorsque vous êtes au sommet à 695 mètres , prenez la piste qui descend légèrement à gauche . Elle embrasse la zone dédiée à l'implantation de 23 300 panneaux, prés de 6 000 pieux, forés, bétonnés. Faites le tour par le chemin (parcours VTT) à l'aplomb des falaises qui surplombent la plaine du var. Traversez le talweg et rejoignez le sommet. Le lieu est calme, ouvert sur la mer d'un côté, et sur les montagnes enneigées du Mercantour de l'autre. En face les communes , qui ont vue sur cette ensemble naturel (Bonson, Revest les Roches et d'autres), auront droit à une immensité de brillance à la place.

          Parcourez cet espace au milieu des genévriers cades, et de cette végétation de garrigues. Vous verrez ce qu'est le soi-disant « plus vieux site le plus anthropisé des Alpes Maritimes »

         Bientôt nous organiserons une balade pique nique sur ce site, toujours pour montrer le lieu et ses implications avec les milieux environnants, pour le plaisir aussi de promener, de prendre des photos.

         Prochainement nous allons laisser sur ce blog la parole aux images de l'Arpasse, vous pouvez nous en envoyer aussi, par smash par exemple (envoi de gros fichiers) à notre adresse courriel lesperdigones@gmail.com

         Bien sûr le maire continuera à récolter des images de pylônes 🤣🤣, qu’importe …

          Nous voulons aller au bout contre ce désastre qui hypothèque l’avenir (la production serait minime, le désastre, lui, serait pour longtemps). Laisser faire, c’est abdiquer. C’est préparer un monde aux mains des puissants et de ceux pour qui l’environnement ne compte pas. Ici ce dossier est plein de failles, voire plus, c’est pourquoi nous le portons en justice.

 

          En quelques jours après notre premier article, entre les dons sur Hello Asso et le bulletin à imprimer nous avons collecté plus d’un millier euros. Nous remercions tout le monde sincèrement. C’est formidable, et cela manifeste un fort refus de ce projet .      

Pour participer à la cagnotte collective de soutien, vous trouverez des liens ci-dessous:
 
 
 
 

 

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