Levens(06): A BAS LES PLATANES !
Entre 23 et 37* Platanes séculaires menacés d'abattage au motif de la réalisation d'un chemin piétonnier. Et pourtant l'on pourrait garder les arbres et avoir un chemin quand même.
* Dans les documents on ne sait jamais quel est le nombre réel d'arbres qui seront abattus: 23, 27, 37 tous ces chiffres sont avancés, tous sont possibles ...
Une première phase qui va du quartier des Traverses au Grand Pré (soit 800 mètres) est avancée. C'est l'objet de l'enquête publique proposée à la population jusqu'au vendredi 30 juillet 16h.
Voir l'avis d'enquête publique publié dans la presse, voir le site de l'enquête publique, avec tous les documents téléchargeables. Vous en retrouverez les principaux, en téléchargement direct, à la fin de cet article
Mais pourquoi donc faire une enquête publique pour un tel ouvrage indispensable? Parce que le projet proposé (il y a d'autres possibilités) met les citoyens devant un choix cornélien : si vous voulez ce chemin (dont vous avez tant besoin), il faut abattre entre 23 et 37 platanes* et la loi ne le permet pas si facilement (*les chiffres donnés dans l'enquête varient: 23, 27 ou 37 platanes à abattre selon les documents présentés).
Dans l'enquête publique peu de mots sur ces avantages. Mais beaucoup d'inconvénients pointés. Ainsi ils prennent de la place, font des feuilles qui bouchent les évacuations d'eau, et seraient malades. Sauf que cette présentation à charge est inexacte.
Prenons l'élément essentiel, la maladie de ces arbres. Des arbres malades ? Quand on lit l'étude phytosanitaire, on remarque d'abord que les arbres qui présentent le plus fort déficit de croissance sont justement ceux situés en chaussée « Est » , en face du projet de chemin. Ce sont les plus "à problème" et ce sont pourtant les seuls qui seront préservés.
Mais au fait, de quoi souffrent-ils ? De la maltraitance et de la bêtise humaine. Les tailles sont inappropriées, le béton ou le goudron les enserrent jusqu'au collet. Et surprise, à la lecture de l'étude aucun n'est dangereux, ne nécessitant un abattage. Deux seulement présentent des problèmes phytosanitaires. Si ces arbres sans maladie grave et ne présentant aucun danger sont abattus, ce sont tous les platanes d'alignement de la commune qui peuvent donc être abattus.
Donc la raison du danger ou de la maladie, ne tient pas.
Continuons dans la logique du projet. S'il se fait, tel que prévu, des mesures compensatoires sont nécessaires. Qu'est-il proposé ? De replanter éventuellement à l'emplacement des arbres abattus, des arbres de 2 mètres de haut et de 2 centimètres de diamètre.
Oui vous avez bien lu, 2 centimètres de diamètre !
Sans compter que c'est une aberration phytosanitaire de replanter à l'emplacement même d'arbres déterrés. Et puis pourquoi tout ce chantier si c'est pour replanter des arbres à l'endroit où ils existent déjà.
Une autre compensation est envisagée, en complément. Planter des arbres au Sud du Grand Pré dans une zone non constructible, inondable au PPRI. Il s'agit de l'Orte. Planter des arbres à l'Orte, pourquoi pas ? Mais nul besoin que ce soit une compensation. Nous sommes en espace naturel, avec un couloir écologique que les arbres relieraient encore plus facilement de part et d’autre de la route M19. Il serait intelligent cependant de ne pas planter n'importe quoi. Certains arbres fruitiers y poussent facilement, tels les pruniers (particulièrement les Perdigones qui y viennent comme du chiendent), les pommiers aussi.
A noter que cette contrainte (replanter en alignement et en compensation) n'est pas datée ni chiffrée, et de fait, rendue incertaine.
Le document le dit lui même il a été envisagé 2 autres alternatives. (page 6 de la « présentation non technique », « Choix des aménagements à mettre en œuvre »)
Il précise qu’ « une variante initiale consistait à mettre en place une continuité́ piétonne sur 430 mètres, entre l’ouvrage surplombant le Riou et le Grand Pré́, d’abord en chaussée « Ouest » jusqu’au croisement RM19/RM14, puis en chaussée « Est », obligeant les usagers à traverser. »
« Afin de répondre aux enjeux de sécurité́ », une seconde variante aurait été́ envisagée « mettant en place une continuité́, toujours sur le même tronçon et la même distance, mais uniquement en chaussée Ouest. Ce choix d’aménagement permettait une amélioration de la sécurité́ au niveau de la RM19, en supprimant la possibilité́ aux usagers de traverser, et conservait également les alignements d’arbres d’un seul et même côté́ (pas d’interruption de l’alignement) ». Pourquoi finalement a-t-il été décidé de conserver ce cheminement mais de supprimer tous les arbres ? Aucune explication convaincante n’est donnée.
De même l’autorité environnementale signale dans son avis, que d'autres alternatives pourraient être proposées, comme des dispositifs de réduction de vitesse, oh combien nécessaires, des feux tricolores à la demande… Elle précise qu’il existe nombre d'autres moyens pour sécuriser les voies. Pas un seul n’est pourtant envisagé par la commune et la métropole.
Mais pourquoi suivre la RM 19, dangereuse, alors qu'il existe une possibilité de relier le centre ancien au Grand Pré : c'est le GR5. De nombreux levensois l’utilisent déjà. Pour le rendre plus attractif, il suffirait d'aménager certaines zones, de rendre plus facile certains passages.
C'est peut être un peu plus long, quoi que… à peine de quelques dizaines de mètres, mais oh combien plus agréable ! Les coûts de l'opération seraient certainement moins élevés, les platanes sauvés, et espérons le, mieux entretenus. Et une partie de l'argent économisé pourrait être dédié au ramassage des feuilles, si gênantes…
Donc selon nous ce projet ne tient pas. Il doit être combattu et doivent être soutenues des solutions alternatives qui préservent les arbres.
Si l’on commence à abattre ceux là, tous vont y passer, car il reste encore de nombreux cheminements piétons à sécuriser, notamment entre le Grand Pré et le hameau de Ste Claire, reconnu comme un des pôles majeurs de la commune avec le Grand Pré et le centre ancien.
Ceux qui regarderons le dossier dans le détail y découvriront de nombreuses anomalies, approximations, faussetés qui ne sont pas traitées ici. Nous en développerons quelques unes dans notre intervention dans l'enquête publique
A noter que contrairement à ce qui est annoncé dans l'avis d'enquête publique, il est impossible de publier sa réaction dans un dossier dématérialisé sur le site de la métropole, il n'y en avait toujours pas au 20 juillet.
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« Note de présentation non technique » (11 pages)
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« Etude d’impact comprenant le résumé non technique » (29 pages de résumé non technique + 121 pages d'étude d'impact)
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« avis de l’autorité environnementale » (10 pages)
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« réponse à l'avis de l’autorité environnementale » (8 pages + 2 annexes)/Annexe 1 : plan des aménagements /Annexe 2 : étude phytosanitaire (73 pages, réalisée en novembre 2018 par Agrobio TECH)
"La haine de l'arbre", de Alain Baraton (jardinier en chef des jardins du Trianon, du grand parc de Versailles), Editions Actes Sud